OUVERTURE(S) #4

Habituellement, les événements « Ouverture(S) » se glissent dans des Centres d’Arts, invitant à découvrir « par le bout de la lorgnette » les univers singuliers créés lors des résidences à travers des expositions et des performances réunissant l’équipe aurtistique et le public.
Conscients de l’importance de la proximité et des échanges avec les publics et animés par une envie de partager nos « zones de créations continues », nous avons décidé de franchir une nouvelle étape. Portés par ces convictions profondes et nourris par les expérimentations grandissantes de notre communauté aurtistique, nous avons ressenti le besoin de créer un espace où le processus créatif pourrait être partagé de manière plus immersive et participative.

Alors, nous nous sommes lancés !

Le théâtre Le Périscope nous a offert son écrin : un espace dans lequel nous nous sentions tou.te.s prêt.e.s à partager ces expérimentations.
Ce jour-là, une cinquantaine de personnes ont uni leurs énergies pour explorer ensemble le plateau, ces « lignes d’erre », où les fragilités de tou.te.s ont été transformées en force.
Au sein de cette éphémère communauté, cet espace de liberté partagée, nous l’avons ressenti comme un véritable foyer artistique, propice à des échanges créatifs vibrants et à l’émergence de nouvelles formes d’expression et d’interactions.
Merci à toustes de votre présences et votre engagement !

DES INCONNUS DERRIÈRE LE RIDEAU ? Lors de cette Résidence je n’ai été présente qu’une seule journée, celle où le public vint se mêler à l’unicité Aurtistique. Nous étions en cercle, dans un moment de rencontre par le regard, attendant les indications et que la session démarre. Il y avait les parents de certains, les amis des autres ou des inconnus pour tous et nous étions là à attendre dans ce cercle immense modélisant un groupe au coude à coude. La piste de départ fut dite, il était donc question de fermer les yeux et de se rapprocher vers le centre au moment où on le sentait, chacun se regardait timidement.
À cet instant précis j’entendais des voix.

« Se rapprocher de ces inconnus ? » « Comment réagir ? » « Est-ce que je dois être gêné ? »
« Que se passe t-il dans leur tête ? » « Comment me diriger ? » « Vais je garder les yeux fermés ? »
« Comment se sentent-ils de leur côté ? » « Vais-je être ridicule ? »
« Vont-ils jouer le jeu ? »

Il fallait commencer. Le rideau se ferma et les sensations vinrent. Jamais il n’a été aussi difficile pour moi de garder les yeux fermés, la peur de se heurter à quelqu’un trop fort, ne pas réussir à se repérer lorsqu’il y a un tel nombre de personnes autour … tous ces paramètres déstabilisaient et créaient une ambiance qui sentait l’expérimentation et des limites habituellement fixées à franchir. Se rapprocher de l’autre et laisser l’autre s’approcher de nous, voilà encore un double mouvement mettant notre Être face à un état de présence particulière. Prêter son « ici et maintenant » à l’Autre et se mêler au sien. Abandonner ses a priori et laisser l’autre s’approcher encore et encore jusqu’à venir rencontrer notre carapace et presque nos pensées.. C’était comme se préparer à laisser l’autre passer cette porte de nous même que l’on laisse habituellement close, une porte vers notre essence vraie que l’on terre coûte que coûte au tréfonds de nous-même. Une essence nous liant tous et toutes en tant qu’Êtres en présence, vivant un instant commun sincère face à soi et face à l’Autre. Dans un Monde où tous semble être saturé, où tout est si vite donné, où l’existence simple prend le pas sur le vécu réel, de tels instants nous plongent dans la réalité de nous-même et de l’Autre dans une zone d’Immersion artistique. Derrière le rideau dansaient des pensées, des peaux et des objets.

Derrière ce projet vibrait la rencontre d’Être à Être, de peau à peau, d’Art à Nature …
… Un retour à nous même, à l’Autre et l’Espace pour un voyage à la conquête de l’essentiel …