Recherche Projet
Si l’autisme est un « mode d’être » singulier, alors la personne autiste n’est pas un semblable malade ou un sujet déficient. Le respect de l’autre est une évidence, mais à condition de rappeler que l’autre ici, n’est pas l’identique. — TENTATIVE, LIEUX DE VIE ET D’ACCUEIL (L.V.A)
La recherche, fondée sur des expériences collaboratives et transdisciplinaires entre autistes adultes et artistes professionnels, s’appuie sur des dispositifs réflexifs et collégiaux dans des Zones de création partagées : en faisant de l’espace qui nous accueille un territoire qui se transforme par la rencontre, en tissant entre nos pratiques un nouveau langage et des méthodologies créatives et alternatives et en respectant la liberté et la singularité de chacun.
POUR UNE EXPÉRIENCE ARTISTIQUE COLLABORATIVE
L’espace de notre proposition n’est ni éducatif, ni scolaire, ni soignant, ni thérapeutique, les temps et objets partagés sont artistiques d’emblée.
Notre volonté est de faire «communauté» via le prisme des spécificités de chacun.e, pour créer collectivement un ouvrage mouvant et constant autour d’expériences artistiques collaboratives entre« Aurtistes »: autistes et équipe artistique (venant tant de la danse, des arts plastiques, du théâtre, de la musique que des arts numériques).
La Recherche-Projet « Espaces Vivants » se développe comme une ZONE DE CRÉATION CONTINUE, partagée entre des personnes dites autistes et dont le point de départ a pour objet le désir de proposer des tentatives créatrices, des errances artistiques, des rencontres uniques et éphémères et de laisser une place forte à l’expérimentation afin de garantir la plus grande liberté possible aux participant.e.s, sans chercher à lisser leur singularité. Au lieu de vouloir «définir » l’individu, accepter l’inconnu. Comme les lignes d’erre des enfants dits autistes accueillis par Fernand Deligny, cette errance artistique se construit au fil des pas, comme « une espèce de quête du lieu acceptable*».
Cette recherche-projet s’appuie sur la mise en place de dispositifs réflexifs ; d’échanges et de réflexions collégiales. Il s’agit de rassembler l’équipe « aurtistique » en situation de réceptivité et d’écoute, de faire de l’espace qui nous accueille un territoire qui se transforme par la rencontre et la porosité de tou.te.s, en se mettant à l’écoute de l’instant. Ce dispositif en forme d’invitation multiple, se forge et évolue suivant le paysage unique de chacun.e, ainsi un ouvrage collectif non calculé, non volontaire peut s’instaurer, rendant possible la rencontre à partir du désir de chacun.e.
Cette « zone » se compose de plusieurs espaces dédiés à différents médiums : plastiques, vidéographiques, musicaux, chorégraphiques, textuels et théâtraux, mais aussi des espaces intimistes, pour être en regard ou en refuge.
Nous prenons la pratique artistique comme un autre mode d’être et de faire, nécessitant des aménagements spécifiques mais n’imposant pas de fonctionnement a priori. Au sein de cet espace l’expérimentation artistique permet la fabrication d’une communalité ouverte, en constante transformation et adaptation (faire avec et non pas pour).
Nous croyons en un art qui se construit ensemble, qui ne nécessite ni esthétique spécifique, ni virtuosité hors normes, mais la présence à l’autre et son acceptation. C’est en cela que l’art est politique et populaire.
— *Raymond Depardon, Errance, Paris, Seuil, 2000, p.20
RÉSIDENCES ET ÉVÉNEMENTS
Espaces Vivants est pensé comme un laboratoire d’expérimentation artistique où artistes et « aurtistes » co-créent des œuvres dans un cadre inclusif et bienveillant et se décline en plusieurs phases :
Résidences artistiques: en tant que manifestations concrètes de cette zone de création continue, offrent aux participants un cadre structuré mais ouvert. Ces périodes d’expérimentation sont à la fois des moments de création individuelle et collective, au cours desquelles chaque participant s’exprime librement.à Ouvertures publiques sur résidences: Chaque résidence se conclue par un événement public permettant aux participants de partager leur travail avec un public plus large. Le public est encouragé à participer activement en devenant des « spect-acteurs », prenant part à l’expérience collective. Ces moments d’interaction directe favorisent l’inclusion et une meilleure compréhension du processus artistique.
Ouvertures publiques sur résidences : Ces événements, où le public est encouragé à devenir des « spect-acteurs », favorisent l’interaction directe et une meilleure compréhension du processus artistique. Ils enrichissent l’expérience en permettant aux participants d’engager un dialogue avec le public, renforçant ainsi l’inclusion.
Amener cette aventure hors plateau, permettre l’échange, faire écho, nous semble essentiel, ainsi aux résidences s’adjoignent d’autres façon de partager, d’autres manières de se rencontrer :
Événements « Ouverture(s) »: Ces événements participatifs, en partenariat avec des institutions culturelles, sont l’occasion de montrer les œuvres créées durant les résidences. Ils prennent la forme d’installations immersives comprenant des vidéos, des sons enregistrés ou produits en direct, des photographies, des textes, ainsi que des performances live. Ces actions servent également à documenter le processus créatif, sous forme d’«Archives vivantes », accessibles via des QR codes et des plateformes en ligne afin d’être partagées avec le plus grand nombre.
Colloques et conférences : Enrichissant la réflexion autour du projet, ces moments invitent des spécialistes et des membres de la communauté « aurtistique » à partager leurs expériences. Les débats et échanges visent à susciter des changements de paradigmes autour de l’inclusion, de l’art et du handicap, en lien avec les échanges et expériences partagées lors des événements publics.